Le bruit de la clim.

Des gens, leur regard  dans le vague. Pas de réseau pour les mobiles . Pas de revue à lire. Spectacle de ses propres mains qu’on détaille comme si on les découvrait. 

Au mur, un écran diffuse la photo d’un paysage paradisiaque, une plage à marée basse, avec ses deux rochers sur lesquels le soleil se pose. Pas la moindre chance qu’il se pointe là, dans ce sous-sol à la décoration impersonnelle, minutieusement minimaliste. 

J’ai rarement vu banc plus moche. Agréger 7 couleurs différentes et opposées sur un même meuble tenait du challenge, ils l’ont remporté. On entend des murmures indistincts, des reniflements, des toussotements , la sonnerie du téléphone de l’accueil et des pas. 

Des pas qui vont, viennent, qui portent des corps semblant flotter, anonymes , des mains qui ouvrent des portes dont les gonds grincent, des portes qui claquent   en se refermant. Et puis plus rien. 

Quelques instants.Le temps chavire. Personne ne bouge. Le silence. Les docteurs n’entrent plus pour chercher leur prochain patient .Peut être nous surveillent-ils depuis cette caméra qui domine la salle d’attente et qui nous nargue sournoisement  ? Peut-être ont-ils tué quelqu’un ? Peut-être sont-ils au café ?

Non. Le battant « interprétation scanner » s’est ouvert. Une voix claire mais peu puissante vient d’appeler un nom. Rien de plus. Un bonhomme se lève, disparaît derrière la porte qui se referme ensuite avec fracas.

Déjà plus d’une heure que j’attends. Et si je me levais ? Et si je fuyais l’examen redouté ? J’en esquisse un sourire, le premier depuis que je suis là. Je me redresse. Je prends le premier couloir à droite. La liberté qui s’annonce me ragaillardit quand tout à coup j’entends « Monsieur ? C’est votre tour ! » 

Damned.  Je n’y couperai pas….